On vous lâche aussi, mon cher

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

11 avril 2020

2 commentaires

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On répétait aux Variétés la Petite Duchesse. Le premier acte venait d’être débrouillé, et l’on allait commencer le second. À l’avant-scène, dans de vieux fauteuils, Fauchery et Bordenave discutaient, tandis que le souffleur, le père Cossard, un petit bossu, assis sur une chaise de paille, feuilletait le manuscrit, un crayon aux lèvres.

 

– Ah ! il est avec Rose maintenant, dit-elle. Eh bien ! Vous savez, Francis, je m’en fiche !… Voyez-vous, ce cafard ! Ça vous a pris des habitudes, ça ne peut pas jeûner seulement huit jours ! Et lui qui me jurait de ne plus avoir de femme après moi !

Le jeune homme, qui voyait Nana pour la première fois, s’inclinait et la complimentait, parlant de son cousin, cachant son trouble sous une exagération de politesse. Mais Nana, sans l’écouter, sans le connaître, lui serra la main, puis s’avança vivement vers Rose Mignon. Du coup, elle devint très distinguée.

Cependant, en face du fauteuil où la mère du comte était morte, un fauteuil carré, au bois raidi et à l’étoffe dure, de l’autre côté de la cheminée, la comtesse Sabine se tenait sur une chaise profonde, dont la soie rouge capitonnée avait une mollesse d’édredon. C’était le seul meuble moderne un coin de fantaisie introduit dans cette sévérité, et qui jurait.

Et elle fit une scène affreuse à Steiner, qui trouvait très correcte l’attitude de ces messieurs. Alors elles ne méritaient pas même un coup de chapeau ? le premier goujat venu pouvait les insulter ? Merci, il était propre, lui aussi ; c’était complet. On devait toujours saluer une femme.

Clarisse croyait aux trois cents francs. Ce Fontan cassait toujours du sucre sur la tête des camarades ! Mais Simonne les interrompit. Elle grelottait. Tous, boutonnés et des foulards au cou, regardèrent en l’air le rayon de soleil qui luisait, sans descendre dans le froid morne de la scène. Dehors, il gelait, par un ciel clair de novembre.

Et, prenant l’enveloppe, elle la lui jeta par la figure. En juif prudent, il la ramassa, péniblement. Il regardait la jeune femme, hébété. Muffat échangea avec lui un regard de désespoir, pendant qu’elle se mettait les poings sur les hanches pour crier plus fort.

 

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

2 commentaires

#1 jeudi 07 janvier 2021 @ 01:41 toto a dit :

<div><strong>Bonjour</strong> cher ami 😛 ,</div><div>C'est magnifique 😍 <br /></div>

#2 jeudi 07 janvier 2021 @ 01:44 toto a dit :

bonjour cher ami

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