Une colère soudaine l’emporta sans raison

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

08 mars 2019

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– Pas possible ! dit Vandeuvres, stupéfait et mis en gaieté.

 

Zoé ne bougeait pas. Elle ne se serait pas permis de donner ouvertement des conseils à madame ; seulement, elle s’arrangeait pour faire profiter madame de son expérience, quand madame paraissait s’emballer avec sa mauvaise tête.

– Spirit ? à trois… Valerio II, à trois également… Puis, tous les autres, Cosinus à vingt-cinq, Hasard à quarante, Boum à trente, Pichenette à trente-cinq, Frangipane à dix…

Un instant, elles se levèrent pour examiner de loin la comtesse et le comte. Sabine, en toilette blanche, garnie d’un point d’Angleterre merveilleux, était triomphante de beauté, jeune, gaie, avec une pointe d’ivresse dans son continuel sourire. Près d’elle, Muffat, vieilli, un peu pâle, souriait aussi, de son air calme et digne.

– Eh ! je lui ai tout dit, cria Nana ; il m’a répondu qu’il avait de trop fortes échéances. Il ne sort pas de ses mille francs par mois… Le moricaud est pané, en ce moment ; je crois qu’il a perdu au jeu… Quant à ce pauvre Mimi, il aurait grand besoin qu’on lui en prêtât ; un coup de baisse l’a nettoyé, il ne peut seulement plus m’apporter des fleurs.

Nana se déshabilla dans le cabinet de toilette. Pour aller plus vite, elle avait pris à deux mains son épaisse chevelure blonde, et elle la secouait au-dessus de la cuvette d’argent, pendant qu’une grêle de longues épingles tombaient, sonnant un carillon sur le métal clair.

Et il s’ouvrit un passage au milieu de la foule. La voix pleine du valet ne jetait plus des noms à la volée. Pourtant, près de la porte, le comte et la comtesse causaient encore, retenus par des dames qui entraient. Enfin, il les rejoignit, pendant que ces messieurs, restés sur le perron du jardin, se haussaient, pour voir la scène. Nana devait avoir bavardé.

 

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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