Nous avons dit trois cent quarante

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

17 février 2020

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– Tu vois, je me trompais. Ta femme est honnête, parole d’honneur !… Maintenant, mon petit, il faut rentrer chez toi et te coucher. Tu en as besoin.

 

Alors, la conversation s’établit, mais par courtes phrases, coupées de silences. Nana ne pouvait toujours répondre. Après s’être passé du cold-cream avec la main sur les bras et sur la figure, elle étalait le blanc gras, à l’aide d’un coin de serviette. Un instant, elle cessa de se regarder dans la glace, elle sourit en glissant un regard vers le prince, sans lâcher le blanc gras.

– Ah ! si j’étais femme !… Mais, nom de Dieu ! ça ne fait rien ! Veux-tu rentrer au théâtre ? J’ai une idée, je loue la Gaîté, nous claquons Paris à nous deux… Hein ? tu me dois bien ça.

– Écoute donc, c’est une lettre qu’elle a dû trouver dans la poche de Fauchery, une lettre écrite à cette rosse de Fauchery par la comtesse Muffat. Et, dame ! là-dedans, c’est clair, ça y est en plein… Alors, Rose veut envoyer la lettre au comte, pour se venger de lui et de toi.

– C’est une rage qu’elles ont toutes. Il y en a une qui m’a volé jusqu’à mon chien… Voyons, mon cher, est-ce ma faute si vous la lâchez ?

Puis, elle crut le reconnaître. Trois jours auparavant, vers minuit, remontant seule du boulevard, elle lui avait parlé près d’une demi-heure, au coin de la rue Labruyère pour le décider. Mais cela ne fit que la révolter davantage.

– C’est vrai, ma chère, dit Lucy en laissant la fenêtre ouverte, j’avais promis de vous faire descendre… Ils sont tous à nous appeler.

 

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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