Tout à l’heure, répondit Fauchery

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

23 décembre 2019

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Mais quelqu’un la touchait par derrière, et elle fut surprise, en se retournant, d’apercevoir Mignon sur la banquette. Elle disparut un instant, elle s’assit à son côté, car il venait lui communiquer une chose grave. Mignon disait partout que sa femme était ridicule d’en vouloir à Nana ; il trouvait ça bête et inutile.

Puis, comme on cognait à la porte, elle fut bonne fille, repoussant la fenêtre, jetant les vêtements de son amie au fond d’une armoire. Déjà elle s’était résignée, en se disant qu’après tout, si on la mettait seing carte, elle n’aurait plus cette bête de peur. Elle joua la femme écrasée de sommeil, bâilla, parlementa, finit par ouvrir à un grand gaillard, la barbe sale, qui lui dit :

– Taisez-vous donc, mon cher, finit par dire Nana. Nous avons l’air de saltimbanques.

Et elle ajouta que, maintenant, elle s’en allait. Mais Nana la retint. Était-elle bête ! Puisque Bordenave consentait à la prendre ! On terminerait l’affaire après le spectacle. Satin hésitait. Il y avait trop de machines, ce n’était plus son monde. Pourtant, elle resta.

– Attendez donc ! répondit Fauchery. Il faut bien que je connaisse votre Nana, avant de parler d’elle… Je n’ai rien promis, d’ailleurs.

Elle parlait étourdiment, avec des gestes vifs, expliquant qu’elle changerait les tentures, les sièges, tout ; puis, elle donnerait des bals à faire courir Paris. Derrière elle, son mari, un magistrat, écoutait d’un air grave. On racontait qu’elle le trompait, sans se cacher ; mais on lui pardonnait, on la recevait quand même, parce que, disait-on, elle était folle.

– Quand on est bonne mère, ça fait tout pardonner, dit sentencieusement madame Maloir, restée seule avec madame Lerat.

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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