J’ai quelqu’un pour vous aujourd’hui

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

15 décembre 2018

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– Mettons que Rose envoie la lettre, n’est-ce pas ? il y a un esclandre. Tu es mêlée là-dedans, on dit que tu es la cause de tout… D’abord, le comte se sépare de sa femme…

 

Elle parlait étourdiment, avec des gestes vifs, expliquant qu’elle changerait les tentures, les sièges, tout ; puis, elle donnerait des bals à faire courir Paris. Derrière elle, son mari, un magistrat, écoutait d’un air grave. On racontait qu’elle le trompait, sans se cacher ; mais on lui pardonnait, on la recevait quand même, parce que, disait-on, elle était folle.

Il aimait à lui voir ces bons sentiments. Tous deux s’entendaient en politique. Vandeuvres et le capitaine Hugon, eux aussi, ne tarissaient pas en plaisanteries contre « les voyous », des braillards qui fichaient le camp, dès qu’ils apercevaient une baïonnette. Georges, ce soir-là, restait pâle, l’air sombre.

– Parbleu ! dans un sale endroit, déclara Mignon, qui semblait exaspéré. C’est dégoûtant que le publie accueille comme ça la première salope venue. Il n’y aura bientôt plus d’honnêtes femmes au théâtre… Oui, je finirai par défendre à Rose de jouer.

– Voyons, laissez-la, dit Nana sérieusement. Je ne veux pas qu’on la tourmente, vous le savez bien… Et toi, mon chat, pourquoi te fourres-tu toujours avec eux, puisqu’ils sont si peu raisonnables ?

– Ah ! je ne sais pas, répondit brutalement Zoé, qui paraissait hors d’elle. Dieu merci ! je ne m’occupe de rien. Ils en font un massacre dans la cuisine et dans tout l’appartement !… Avec ça, il a fallu me disputer. Les deux autres sont encore venus. Ma foi, je les ai flanqués à la porte.

Georges ne disait rien, mais il flambait, ses cheveux blonds envolés, ses yeux bleus luisant comme des chandelles, tant le vice où il marchait depuis quelques jours, l’allumait et le soulevait. Enfin, il entrait donc dans tout ce qu’il avait rêvé !

 

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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