Fontan s’était précipité, répétant (2)

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

21 mars 2019

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– Dites donc, ce n’est pas tout ça. Vous me faites oublier que je veux parier… Georges, tu vois ce bookmaker, là-bas, le gros rouge, avec des cheveux crépus. Il a une tête de sale canaille qui me plaît… Tu vas aller lui prendre… Hein ? que peut-on bien lui prendre ?

Il n’avait plus une protestation. Au milieu de ces messieurs, de ces grands noms, de ces vieilles honnêtetés, les deux femmes, face à face, échangeant un regard tendre, s’imposaient et régnaient, avec le tranquille abus de leur sexe et leur mépris avoué de l’homme. Ils applaudirent.

– Oh ! hier, j’ai passé une journée ! raconta à son tour Rose Mignon. Imaginez-vous que j’étais allée chercher Charles et Henri à leur pensionnat ; et il a fallu absolument les mener le soir au théâtre… Ils sautaient ils tapaient leurs petites mains : « Nous verrons jouer maman ! nous verrons jouer maman !… » Oh ! un train, un train !

Et elle se récria sur la gentillesse des pièces. Nana lui fit visiter la chambre, la salle à manger, jusqu’à la cuisine. Dame ! ce n’était pas immense, mais on avait refait les peintures, changé les papiers ; et le soleil entrait là gaiement.

– Voyons, il faut partir, dit Clarisse. Nous ne la ressusciterons pas… Viens-tu, Simonne ?

– Oh ! maintenant, qu’est-ce que ça peut faire à monsieur le comte ? reprit l’autre avec un sourire humble de complice. Il me fallait bien attirer le monde pour donner vos deux mille louis.

– Pour cinq mille louis, monsieur le comte, répondit le bookmaker en baissant également la voix. Hein ? c’est joli… Je vous avouerai que j’ai baissé la cote, je l’ai mise à trois.

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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