J’ai peur de mourir (2)

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

03 octobre 2019

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Mais, comme elle prenait le bouquet, il lui sauta sur les mains, avec la gloutonnerie de son bel âge. Elle dut le battre pour qu’il lâchât prise. En voilà un morveux qui allait raide ! Tout en le grondant, elle était devenue rose, elle souriait. Et elle le renvoya, en lui permettant de revenir. Il chancelait, il ne trouvait plus les portes.

– Madame réfléchira, madame recevra monsieur Steiner, murmura Zoé sans bouger, d’un air grave, fâchée de voir sa maîtresse sur le point de faire encore une bêtise.

– Oh ! hier, j’ai passé une journée ! raconta à son tour Rose Mignon. Imaginez-vous que j’étais allée chercher Charles et Henri à leur pensionnat ; et il a fallu absolument les mener le soir au théâtre… Ils sautaient ils tapaient leurs petites mains : « Nous verrons jouer maman ! nous verrons jouer maman !… » Oh ! un train, un train !

– Tiens ! le marquis de Chouard, comme il vieillit ! S’abîme-t-il, ce vieux-là ! Il est donc toujours enragé ?

Alors, elle ne s’attarda pas à discuter. De ses petites mains, elle lui renversa la tête, puis, se penchant, colla sa bouche sur sa bouche, dans un long baiser. Un frisson le secoua, il tressaillait sous elle, éperdu, les yeux clos. Et elle le mit debout.

Depuis un quart d’heure, Daguenet et Georges la suppliaient vainement de revenir dans la salle à manger. Elle s’entêtait, ses invités pouvaient bien faire ce qu’ils voudraient ; elle les méprisait trop pour retourner avec eux. Jamais, jamais ! On l’aurait coupée en morceaux, qu’elle serait restée dans sa chambre.

– Très chic, la comtesse ! reprit la Faloise à la porte du jardin, elle a dix ans de moins que sa fille… À propos, Foucarmont, vous allez nous dire ça : Vandeuvres pariait qu’elle n’avait pas de cuisses.

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

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