Le Loup, la Chèvre et le Chevreau
La Bique, allant remplir sa traînante mamelle,
Et paître l’herbe nouvelle,
Ferma sa porte au loquet,
Non sans dire à son Biquet :
« Gardez-vous, sur votre vie,
D’ouvrir que l’on ne vous die,
La Bique, allant remplir sa traînante mamelle,
Et paître l’herbe nouvelle,
Ferma sa porte au loquet,
Non sans dire à son Biquet :
« Gardez-vous, sur votre vie,
D’ouvrir que l’on ne vous die,
Toute puissance est faible, à moins que d’être unie.
Écoutez là-dessus l’esclave de Phrygie.
Si j’ajoute du mien à son invention,
C’est pour peindre nos mœurs, et non point par envie ;
Je suis trop au-dessous de cette ambition.
Phèdre enchérit souvent par un motif de gloire ;
La nation des Belettes,
Non plus que celle des Chats,
Ne veut aucun bien aux Rats ;
Et, sans les portes étroites
De leurs habitations,
L’animal à longue échine
En ferait, je m’imagine,
Les grands, pour la plupart, sont masques de théâtre ;
Leur apparence impose au vulgaire idolâtre.
L’Âne n’en sait juger que par ce qu’il en voit.
Le Renard au contraire, à fond les examine,