Le Rat qui s’est retiré du monde
Les Levantins en leur légende
Disent qu’un certain Rat, las des soins d’ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
La solitude était profonde,
Les Levantins en leur légende
Disent qu’un certain Rat, las des soins d’ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas.
La solitude était profonde,
Un pince-maille avait tant amassé
Qu’il ne savait où loger sa finance.
L’avarice, compagne et soeur de l’ignorance,
Le rendait fort embarrassé
Un Cerf, à la faveur d’une vigne fort haute,
Et telle qu’on en voit en de certains climats,
S’étant mis à couvert et sauvé du trépas,
Les veneurs, pour ce coup, croyaient leurs chiens en faute ;
Ils les rappellent donc. Le Cerf, hors de danger,
Broute sa bienfaitrice : ingratitude extrême !
On l’entend, on retourne, on le fait déloger :
La nation des Belettes,
Non plus que celle des Chats,
Ne veut aucun bien aux Rats ;
Et, sans les portes étroites
De leurs habitations,
L’animal à longue échine
En ferait, je m’imagine,
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Si tôt que moi ce but. Si tôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l’animal léger.
Ma commère il vous faut purger
Contre les assauts d’un Renard
Un arbre à des Dindons servait de citadelle.
Le perfide ayant fait tout le tour du rempart,
Et vu chacun en sentinelle,
S’écria : « Quoi ! ces gens se moqueront de moi !
Eux seuls seront exempts de la commune loi !