Le Bassa et le Marchand
Un marchand grec en certaine contrée
Faisait trafic. Un Bassa l’appuyait ;
De quoi le Grec en bassa le payait,
Un marchand grec en certaine contrée
Faisait trafic. Un Bassa l’appuyait ;
De quoi le Grec en bassa le payait,
Autrefois l’Éléphant et le Rhinocéros,
En dispute du pas et des droits de l’Empire,
Voulurent terminer la querelle en champ clos.
Le jour en était pris, quand quelqu’un vint leur dire
Un Paon muait ; un Geai prit son plumage ;
Puis après se l’accommoda ;
Puis parmi d’autres Paons tout fier se panada,
Croyant être un beau personnage.
Quelqu’un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué,
Et par messieurs les Paons plumé d’étrange sorte ;
Un jour un Coq détourna
Une Perle qu’il donna
Au beau premier Lapidaire.
Je la crois fine, dit-il,
Mais le moindre grain de mil
Serait bien mieux mon affaire.
Au fond d’un antre sauvage,
Un Satyre et ses enfants
Allaient manger leur potage
Et prendre l’écuelle aux dents.
On les eût vus sur la mousse
Lui, sa femme, et maint petit :
Ils n’avaient tapis ni housse,
Mais tous fort bon appétit.
Pour se sauver de la pluie,
Entre un Passant morfondu.
Au brouet on le convie :
Il n’était pas attendu.
Son hôte n’eut pas la peine
De le semondre deux fois.
D’abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts ;
Puis sur le mets qu’on lui donne,
Délicat, il souffle aussi.
Le Satyre s’en étonne :
« Notre hôte, à quoi bon ceci ?
– L’un refroidit mon potage ;
L’autre réchauffe ma main.
– Vous pouvez, dit le Sauvage,
Reprendre votre chemin.
Ne plaise aux Dieux que je couche
Avec vous sous même toit !
Arrière ceux dont la bouche
Souffle le chaud et le froid !
Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui preste vie.
Mais le lâcher en attendant,
Je tiens pour moi que c’est folie ;
Car de le rattraper il n’est pas trop certain.
Un Carpeau qui n’était encore que fretin,