Venez donc prendre un bock avec nous

Rédigé par Jean-Pierre Pourrez

01 avril 2019

Aucun commentaire

Et, se rapprochant de madame Maloir, elle lui fit des confidences. Toutes deux prenaient des canards. Mais madame Maloir recevait les secrets des autres, sans jamais rien lâcher sur elle. On disait qu’elle vivait d’une pension mystérieuse dans une chambre où personne ne pénétrait.

– Voyons, chéri, est-ce ma faute ? Si tu étais la justice, est-ce que tu me condamnerais ?… Je n’ai pas dit à Philippe de manger la grenouille, bien sûr ; pas plus que je n’ai poussé ce petit malheureux à se massacrer… Dans tout ça, je suis la plus malheureuse. On vient faire ses bêtises chez moi, on me cause de la peine, on me traite comme une coquine…

– Jamais ! déclara Nana, révoltée. Eh bien ! ils sont propres, les fournisseurs ! Est-ce qu’ils croient que je suis à vendre, pour acquitter leurs mémoires !… Vois-tu, j’aimerais mieux mourir de faim que de tromper Fontan.

Elle voulait qu’il restât dans l’avant-scène pour le dernier acte ; mais lui, s’échappa, en promettant de les prendre à la sortie. En bas, devant le théâtre, Fauchery et la Faloise allumèrent des cigarettes. Un rassemblement barrait le trottoir, une queue d’hommes descendus du perron et respirant la fraîcheur de la nuit, au milieu du ronflement ralenti du boulevard.

– Tiens ! elle a mes cheveux ! cria Nana ravie. Dites donc, vous savez que j’en suis fière !

– Tape plus fort… Hou ! hou ! je suis enragé, tape donc !

En effet, le comte avait quitté le banc et entrait sous la haute porte. Mais le concierge, qui finissait par le connaître, ne lui laissa pas le temps de poser sa question. Il dit d’un ton brusque :

Excellent rédacteur à qui on doit de nombreuses contributions.

Les commentaires sont fermés.